Agence de l'Eau du Mouhoun (AEM)
 

Résumé du SDAGE Mouhoun

Introduction

L’Agence de l’Eau du  Mouhoun dispose de son SDAGE depuis 2014 grâce à l’appui financier du Millenium Challenge Account (MCA).

Le SDAGE Mouhoun a pour finalité la gestion, la protection et la mise en valeur des ressources en eau du bassin. Il vise à promouvoir le développement socio-économique du bassin en répondant aux besoins en eau de l’ensemble des usagers, tout en assurant la sauvegarde des équilibres écologiques.

Bases légales

Le SDAGE est encadré par les politiques et stratégies du Gouvernement. Il est institué par la loi d’orientation de 2001 relative à la gestion de l’eau et son décret d’application n°2005-192 relatif à l’élaboration des Schémas d’Aménagement et de Gestion de l’Eau. Il est l’outil central de planification et de gestion des ressources en eau de l’espace de compétence de l’Agence de l’eau.

Le territoire du SDAGE

Le territoire du SDAGE est l’espace de compétence de l’Agence de l’eau. Il  s’étend sur une superficie totale de 96.096 km2 comprenant le bassin hydrographique national du Mouhoun (94% de la superficie totale de l’EC-Mouhoun) et le sous-bassin hydrographique du Banifing (6%).

 L’EC-Mouhoun est localisés à 35% dans la région de la Boucle du Mouhoun, 25% dans la région des Hauts Bassins, 16% dans la région du Sud-ouest, 13% dans la région du Centre Ouest, 8% dans la région Nord et 3% dans la région des Cascades. Le bassin hydrographique national du Mouhoun appartient au bassin international de la Volta et le sous-bassin du Banifing au bassin international du Niger. Le SDAGE est établi à l’horizon 2030 avec des horizons intermédiaires de cinq ans.

Processus d’élaboration

Le SDAGE est le résultat d’un processus participatif impliquant de nombreux acteurs : c’est ainsi qu’ont été notamment prises en compte les solutions et options de développement préconisées par des représentants de groupements d’usagers de l’eau à la base conformément au principe de subsidiarité de la GIRE. La dimension « genre » a fait l’objet d’une attention particulière au cours de ces concertations à la base. Ont également été impliqués dans l’élaboration du SDAGE, les administrations et organismes sous-tutelle aux niveaux central et régional.

L’élaboration du SDAGE a comporté trois étapes fondamentales : (i) l’état des lieux (2011-2012), (ii) l’évaluation des options de développement (2012-2013), (iii) l’élaboration du Parti d’aménagement (2013-2014). Parallèlement à ces trois étapes, a été conduite une Evaluation Environnementale Stratégique (EES) visant à s’assurer de la prise en compte des aspects environnementaux et sociaux dans le SDAGE.

L’état des lieux a permis d’estimer à 5,8 milliards de m3/an en moyenne les ressources en eau renouvelables du bassin, composées à environ 80% par les eaux de surface (y inclus la décharge des aquifères dans le réseau hydrographique). Les prélèvements totaux y compris les pertes par évaporation au niveau des barrages représentent environ 19% des ressources renouvelables.

Les principaux constats de l’état des lieux sont résumés ci-après :

  • Le taux d’accès à l’eau potable en milieu rural en 2011 est de l’ordre de 59% du même ordre que la moyenne nationale (58,5%).
  • L’assainissement est dans sa globalité notoirement insuffisant tant en milieu urbain qu’en milieu rural.
  • Au plan agricole, les tendances sur les quinze dernières années sont marquées par une diminution des superficies cultivées en céréales, compensée par une augmentation des cultures de rente avec cependant une inversion à partir de 2009 en corrélation avec une réduction des surfaces cotonnières. Les superficies cultivées en céréales et les cultures de rente sont de l’ordre de 60-70% pour les premières et de 40-30% pour les secondes.

Sur un potentiel estimé à 206.000 ha, l’EC-Mouhoun totalise près de 20.000 ha d’aménagements hydroagricoles dont : (i) près de 7000 ha (35%) de périmètres irrigués ; (ii) 7000 ha (35%) de bas-fonds aménagés en maîtrise partielle et (iii) 6000 ha (30%) de petite irrigation par pompage. L’agriculture irriguée en aval de barrages est dominée par la culture du riz. Le maraîchage et le maïs sont pratiqués principalement en contre-saison notamment sur les périmètres où la double culture de riz ne peut être pratiquée du fait de ressources en eau insuffisantes, et par un grand nombre de petites exploitations pompant directement dans les cours d’eau.

  • A côté de l’agriculture, l’élevage constitue une activité majeure dans l’EC-Mouhoun. Il est de type traditionnel extensif. L’effectif total est estimé à près de 3 millions d’UBT en 2012 et passerait, à taux de croissance constant, à 4,6 millions d’UBT en 2030. L’augmentation progressive des terres de cultures au détriment des zones pâturables conduirait à un bilan fourrager négatif avant 2022 en prenant en compte l’alimentation à partir du fourrage naturel.
  • Le secteur industriel est développé dans la zone de Bobo-Dioulasso et à un moindre degré dans les autres chefs-lieux des régions constitutives.
  • Le secteur minier est en développement au centre et au sud-ouest du bassin du Mouhoun où l’orpaillage est très actif et a un impact lourd sur l’environnement (risques de pollution des eaux et des sols, excavations…).
  • Le Mouhoun a toujours constitué une barrière naturelle contre le processus de désertification de toute la zone ouest du Burkina Faso. Aujourd’hui, le bassin est mis à rude épreuve avec notamment : (i) le développement de l’agriculture qui occupe les zones inondables et les berges du Mouhoun, (ii) les activités minières dont l’exploitation contribue à polluer le milieu naturel, et (iii) la pauvreté dont l’une des conséquences est la surexploitation des ressources disponibles pour la satisfaction des besoins primaires. Les écosystèmes aquatiques et terrestres d’une très grande diversité et le nombre élevé d’espèces végétales et animales qu’ils supportent, sont en déclin constant. L’eau devient de plus en plus un enjeu de survie pour de nombreuses espèces végétales et animales.
  • Les régions constitutives de l’EC-Mouhoun ont connu entre 1996 et 2006 une croissance de la population de 2,72% inférieure à la moyenne nationale de 3,12%. De 4,7 millions d’habitants en 2006 (33% de la population du Burkina Faso), la population de l’EC-Mouhoun atteindrait 9,3 millions d’habitants en 2030, selon les projections de l’INSD. La population de l’EC-Mouhoun est rurale à 82%. La population urbaine est concentrée à plus de 50% à Bobo-Dioulasso, le reste étant partagé entre Koudougou et Dédougou et les chefs-lieux des provinces. Cette dynamique de développement de la population, qui atteint déjà le seuil critique de 50 habitants/km2, se traduira à l’horizon 2030 par un surpeuplement qui pourrait mettre en danger les équilibres environnementaux et conduire à une augmentation de la pauvreté.

Partant de ces constats, l’état des lieux a mis en évidence les enjeux majeurs auxquels le bassin se trouvera confronté à l’horizon 2030 en matière de gestion et d’aménagement des ressources en eau.

En réponse à ces enjeux, l’évaluation des options de développement des ressources en eau a retenu pour le SDAGE un scénario équilibré de développement économique, social et environnemental durable. L’objectif global et les objectifs spécifiques du SDAGE sont établis sur la base de ce scénario.

Afin d’arrêter un parti d’aménagement des ressources en eau à l’horizon 2030, les besoins en eau des secteurs utilisateurs ont été passés en revue et leur adéquation avec les ressources en eau disponibles est évaluée. Le résultat des concertations avec les usagers à la base est également pris en compte. A partir de cette analyse, et des capacités de mise en œuvre, est retenue une option de développement  des ressources en eau de surface et souterraines sur laquelle se fondent les aménagements proposés. Le SDAGE anticipe un triplement des besoins en eau brute dans les 20 prochaines années (de 422 Mm3 en 2010 à 1,3 milliards de m3 en 2030 dont 80% pour l’agriculture irriguée). Dans le Mouhoun supérieur et le Sourou, la disponibilité des ressources en eau de surface sera améliorée par la création du barrage de Samendéni. Il reste que les ressources en eau renouvelables du sous-bassin sont en-deçà des potentiels ce qui contraint à devoir assurer une gestion particulièrement efficiente de la ressource. Globalement le Mouhoun inférieur dispose de ressources en eau de surface renouvelables abondantes mais s’écoulant en masse en saison des pluies vers le Ghana et la Côte d’ivoire par suite d’un manque d’ouvrages de régulation ou de stockage. Les eaux souterraines sont abondantes dans le Mouhoun supérieur (aquifère sédimentaire), elles le sont moins dans le Mouhoun inférieur situé en zone de socle. Au bilan, l’espace de compétence de l’Agence de l’eau du Mouhoun dispose certes de ressources en eau mais elles sont soumises à de très fortes pressions qui les rendent fragiles et vulnérables.

Dans ce contexte s’impose l’application de règles et normes, et de dispositions, relatives à l’administration de l’eau, la protection et l’utilisation optimale des ressources en eau, l’implication des usagers dans la gestion de l’eau et la mobilisation des ressources financières. Les dispositions sont formulées à l’intention de l’Agence de l’eau du Mouhoun et de ses partenaires. Les règles et normes s’appuient sur la réglementation existante et devront être actualisées et complétées au fur et à mesure de la parution de nouveaux textes réglementaires.

Les phases de réalisation du SDAGE comprennent essentiellement :

  • A court terme (2014-2015) – le renforcement des structures de gestion, en particulier de l’Agence de l’eau, pour lui permettre d’affirmer son leadership dans la gestion des ressources en eau du bassin ; l’amélioration de l’existant (réhabilitation, amélioration de l’efficience des aménagements…) ; la poursuite des investissements déjà budgétisés (AEP, bas-fonds…) ;
  • A moyen terme (2016-2020) – la réalisation des études de SAGE, y inclus les études pour une mobilisation accrue des eaux souterraines et la réalisation de nouveaux ouvrages de régulation ; la poursuite des investissements à la base (AEP, bas-fonds…) ; la recherche de financement pour les investissements long terme ;
  • A long terme (2021-2030) – la réalisation des investissements lourds (en particulier des ouvrages de régulation) ; la mise à jour du SDAGE.

Le SDAGE est mis en œuvre par l’Agence de l’eau à travers son programme d’intervention pluriannuel. A cette mise en œuvre sont associées les structures partenaires de l’Agence et les usagers à la base. Un tableau de bord pour le suivi de la mise en œuvre du SDAGE est proposé à titre indicatif. Il comporte des indicateurs de référence et des indicateurs de suivi. Il devra être détaillé quand le programme d’intervention pluriannuel de l’Agence de l’eau aura été élaboré et approuvé.

Le SDAGE aura des impacts positifs sur les ressources en en eau et leur gestion, sur le développement socio-économique et sur l’environnement.

Les risques pouvant  entraver la mise en œuvre du SDAGE seraient liés pour l’essentiel :

  • à un manque d’engagement des parties prenantes à poursuivre l’opérationnalisation de la GIRE dans toutes ses dimensions.
  • à l’application insuffisante des dispositions du SDAGE, faute de moyens ou de capacités en particulier au niveau de l’Agence de l’eau et de ses principaux partenaires.
  • au manque d’approche participative, et de volonté des usagers d’intégrer les démarches préconisées dans le SDAGE.
  • à la faible implication des services techniques concernés dans la gestion et la valorisation des ressources en eau, L’implication d’autres acteurs publics et privés est également requise ou souhaitée (ONEA, SONABEL, INSD, IGB, BUMIGEB, Universités et Centres de recherche…).
  • à la non-application de la contribution financière en matière d’eau (CFE) qui priverait l’agence de l’eau des moyens de travailler.
  • à l’absence ou l’insuffisance des ressources financières internes et externes.

A ces risques de premier ordre s’ajoutent l’ensemble des risques pouvant affecter la valorisation et la gestion de l’eau de façon directe ou indirecte. On citera en particulier la question foncière qui entretient des liens forts avec les usages de l’eau.